Naissance d’une bibliothèque (1810-1815)

De dimensions modestes, la bibliothèque du « pensionnat normal » créé en 1808, est à l’image de l’institution, dédiée à l’art d’enseigner : les premières collections comptent de nombreuses éditions de classiques, mais aussi les travaux scientifiques les plus récents.

Cour du college du Plessis-Sorbonne, gravure sur cuivre, XVIIIe siècle. École normale supérieure, bibliothèque Ulm-LSH

Cour du college du Plessis-Sorbonne, gravure sur cuivre, XVIIIe siècle. Bibliothèque Ulm-LSH

L’École normale est re-créée, sous le nom de « pensionnat normal », par le décret du 17 mars 1808 qui organise l’Université impériale. Ce texte fixe les grandes lignes du système éducatif français, de l’école primaire à l’université. Dans ce cadre, l’École est destinée à recevoir, pour une période de deux ans, des jeunes gens se destinant à l’enseignement.

L’institution est installée en 1810 au collège du Plessis, dans les locaux du Lycée impérial (Louis-le-Grand), qui héberge alors en ses murs la bibliothèque de l’Université, dite « bibliothèque du Lycée » – elle ne rejoindra la Sorbonne qu’en 1823.

Le premier registre de prêts conservé par la bibliothèque (1813-1814) montre que professeurs et pensionnaires, parmi lesquels le jeune Victor Cousin, ont alors aussi bien recours à la bibliothèque de l’Université qu’à celle de l’École normale pour leurs études.

École normale. Bibliothèque. Registre d'inscription, 1813-1814, p. 145. École normale supérieure, bibliothèque Ulm-LSH, AB 1<br />

École normale. Bibliothèque. Registre d'inscription, 1813-1814, p. 145 (détail). Bibliothèque Ulm-LSH, AB 1

« Ouvrages donnés par les auteurs », vers 1818-1822. Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, Ms 1607, f. 103. Cliché Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne

« Ouvrages donnés par les auteurs », vers 1818-1822. Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, Ms 1607, f. 103. Disponible en ligne sur Nubis : https://nubis.univ-paris1.fr/ark%3A/15733/41gm

Les livres acquis par l’École normale sont aisément repérables par leur cachet « à l’aigle », qui situe leur entrée dans les collections entre 1810 et 1815. En lettres, il s’agit de classiques et d’ouvrages pédagogiques. Ces documents modestes, souvent imprimés en stéréotypie, disponibles en grand nombre à faible coût, ne sont pas des livres d’érudition ou de prestige.

La première collection littéraire est donc une bibliothèque d’usuels destinés à l’étude, majoritairement composée d’éditions récentes : grammaires latines et grecques, dictionnaires, synthèses d’histoire et de littérature. Leurs auteurs sont les enseignants de l’École – Abel-François Villemain, Jean-Louis Burnouf, Pierre Claude Bernard Guéroult, élève de l’École de l’an III et son directeur de 1810 à 1815 – qui en font don à la bibliothèque, comme en attestent des envois manuscrits de Burnouf ou Guéroult. Des usuels plus anciens enrichissent également les collections : par exemple, le Dictionnaire de Budé, ou encore, une grammaire latine de Lancelot donnée par Guéroult.

En sciences, les livres reflètent le grand dynamisme des recherches menées à l'École polytechnique, à l'École des Mines ou au Muséum : de cette période, l’École conserve par exemple des éditions de la minéralogie de Hauÿ, des traités de mathématiques et d'astronomie de Lagrange et Laplace. Des revues scientifiques (Annales des Mines) et des traductions d'ouvrages étrangers, telles celles du physicien Jean-Baptiste Biot, enrichissent aussi les fonds scientifiques.

Naissance d’une bibliothèque (1810-1815)