Les livres de l'Université (1817-1822)

Entre 1817 et 1822, les collections de la bibliothèque de l’École, reconnaissables à leur cachet fleurdelysé, s'accroissent grâce à deux principales sources : les acquisitions courantes et l’attribution à l’École d’exemplaires en double de la bibliothèque de l’Université.

<em>Le séminaire du Saint-Esprit, rue des Postes</em>. École normale supérieure, bibliothèque Ulm-LSH, PHO B/0/1

Le séminaire du Saint-Esprit, rue des Postes. Bibliothèque Ulm-LSH, PHO B/0/1

Le 3 novembre 1817, la commission de l’Instruction publique ordonne le transfert de la bibliothèque de l’Université, dont le bâtiment doit être démoli, à l’École normale, installée depuis 1814 rue des Postes dans l’ancien séminaire du Saint-Esprit. En réponse à cette proposition peu réaliste, François Guéneau de Mussy, directeur de l'École, demande et obtient plutôt qu'une allocation soit portée au budget de l'Instruction publique pour l’École normale afin de constituer, par et pour elle, sa propre bibliothèque.

Bibliothèque de l'Université royale. Catalogue par ordre alphabétique et de matières des livres doubles remis à l'École normale, 1818. Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, Ms 412. Cliché Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne. Disponible en ligne sur Nubis : https://nubis.univ-paris1.fr/ark:/15733/3zd6

Bibliothèque de l'Université royale. Catalogue par ordre alphabétique et de matières des livres doubles remis à l'École normale, 1818. Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, Ms 412. Disponible en ligne sur Nubis : https://nubis.univ-paris1.fr/ark:/15733/3zd6

En outre, il est décidé le 29 mai 1818 que seuls les exemplaires en double de la bibliothèque de l’Université seront cédés à l’École normale : 839 livres rejoignent ainsi l’École en 1818. Leurs thématiques sont caractéristiques du fonds de l’Université : les ouvrages de théologie représentent près de 40 % du total, l’histoire venant juste après ; les belles-lettres et les sciences sont réduites à la portion congrue. Par ailleurs, il s’agit majoritairement d’ouvrages anciens, datant pour la plupart d’entre eux du XVIIe siècle. Seule une cinquantaine de volumes porte une date de publication postérieure à 1750, soit moins de 6 % de l’ensemble.

La variété des provenances de ces livres reflète l’histoire complexe de la constitution et du développement de la bibliothèque de l’Université. Ouverte en 1770 dans les locaux du collège Louis-le-Grand, la bibliothèque de l’Université de Paris réunissait en effet des livres provenant de trois sources : la collection que Jean-Gabriel Petit de Montempuis lui avait léguée en 1762, une partie de la bibliothèque du collège Louis-le-Grand des jésuites et les bibliothèques de 28 collèges parisiens supprimés en 1764 et rattachés au nouveau collège Louis-le-Grand. Les collections s’accroissent jusqu’à la Révolution et comptent plus de 30 000 volumes en 1789. En 1793, la suppression de l'Université entraîne le transfert de sa bibliothèque au dépôt littéraire « Louis-la-Culture ». Mais dès 1796, augmentée de nombreuses confiscations révolutionnaires, la bibliothèque retrouve le collège Louis-le-Grand, devenu « collège de l’Égalité » puis « Prytanée français ».

Catalogue topographique de la bibliothèque de l'École Normale, 1819. Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, Ms 410. Cliché Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne. Disponible en ligne sur Nubis : https://nubis.univ-paris1.fr/ark:/15733/3nvr

Catalogue topographique de la bibliothèque de l'École Normale, 1819. Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, Ms 410. Disponible en ligne sur Nubis : https://nubis.univ-paris1.fr/ark:/15733/3nvr

La bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne conserve parmi ses fonds les premiers catalogues des collections de l'École normale. L'un de ces catalogues, datable de 1819, recense les livres acquis par l'École depuis 1811, en incluant les doubles de l’Université. Il renseigne aussi sur l'organisation de la bibliothèque, installée depuis 1814 dans les locaux du séminaire de la congrégation du Saint-Esprit, rue des Postes (actuelle rue Lhomond). Les collections, classées par langues et disciplines étaient rangées dans 11 armoires, nommées de « A » à « L », dans l'ordre suivant : histoire universelle, ancienne et moderne ; histoire de France ; histoire ancienne et antiquités romaines ; langues, littératures et traités sur l'éducation ; classiques français ; philosophie ; théologie et histoire de l'Église ; classiques en langues anciennes ; mathématiques, physique, chimie, sciences naturelles.  Sont également signalés un globe terrestre et une sphère armillaire.

Les années 1818-1822 correspondent donc à une première phase d’essor de la bibliothèque de l’École normale – 380 volumes sont acquis en 1821, 394 en 1822 – qui s’arrête brutalement : le 6 septembre 1822, l’École normale est supprimée, ses biens sont vendus aux enchères. Les 3 274 volumes de la bibliothèque sont transférés à la Sorbonne, où ils rejoignent les fonds de la bibliothèque de l’Université.