Les débuts de la cotation (1851-1853)
Les premières tentatives d’ordonner les livres de la bibliothèque de l’École normale sont hybrides ; au fil du temps, diverses organisations sont adoptées. Mises en place en 1853, les cinq grandes divisions avec un plan de classement interne pour chacune d'elles sont encore pratiquées aujourd'hui.
Si les premiers gisements du fonds de la bibliothèque de l’École normale se constituent à partir de 1810, rien n’indique alors l’existence d'un catalogue systématique. Les ouvrages étaient notés dans des inventaires successifs, allant de 1814 à 1851. S’y dessine un cadre de description thématique à l’intérieur duquel les livres sont inscrits selon leur ordre d'arrivée. À ce stade, on ne constate aucune trace de cote.
Il faut attendre l'initiative de François-Étienne Michelle, directeur de l’École de 1850 à 1857, pour porter au ministre de l'Instruction publique la nécessité de doter la bibliothèque de son établissement d'un catalogue bibliographique digne de ce nom. C'est Louis Paris, ancien bibliothécaire-archiviste à Reims, qui dresse ce premier catalogue. Afin d’établir l'ordre et la division des collections, il se base sur le Manuel du libraire de Brunet.
Son catalogue se divise en cinq grandes classes : Théologie, Jurisprudence, Sciences et arts, Belles-lettres, Histoire, indiquées respectivement par les lettres A, B, C, D, E. Ces « classes » comprennent des « branches » ayant chacune des subdivisions. Les Belles-lettres (D) par exemple se partagent en 5 domaines : Linguistique (D), Rhétorique (DA), Poésie (DB), Fictions en Prose (DC), Philologie (DD). Puis les subdivisions se rattachent aux branches en forme d'appendice : par exemple, les « Épistolaires » correspondent à la subdivision « DD1 ».
Cette première tentative s’arrête en 1853, à l'arrivée de Philippe Le Bas (1794-1860). Helléniste, maître de conférences à l’École depuis 1834 et bibliothécaire-administrateur de la Sorbonne, celui-ci estime que le cadre de classement proposé par Paris n’est pas pertinent et que le bibliothécaire en place, Eugène Hauvette-Besnault, était « tout à fait hors d’état de débrouiller le chaos qu'il avait devant lui ».
Il décide alors d'introduire à la bibliothèque de l’École la classification qu'il avait élaborée pour la bibliothèque de la Sorbonne. Il s'agit d'un système alphanumérique organisé à partir de grandes thématiques : Bibliographie (B), Théologie (T), Sciences (S), Littérature (L), Histoire (H). L'index méthodique se décline selon le format, allant du grand folio (gr F°) à l'in-12°, avec des subdivisions thématiques et chronologiques. Par exemple, pour l'histoire de France cela donne : H F gé = généralités, H F iéa = institutions économie administration, H F omc = origines mérovingiens carolingiens...
Un siècle et demi plus tard, au fil des évolutions portées par des générations de bibliothécaires, ce système de cotation fournit aux lecteurs un accès direct aux collections tout en permettant de suivre les développements intellectuels des disciplines. Il peut être parfois source d’étonnement : par exemple, l’histoire contemporaine de la France demeure classée à la cote H F er (Histoire de France Empire Restauration).