La collection de Georges Cuvier (1833) II/II
La collection de Georges Cuvier dévoile l'esprit curieux d’un bibliophile averti. Parmi ses fleurons, la bibliothèque conserve la somptueuse Description de l'Égypte (1809-1828), dans l'intégralité de ses 9 volumes de texte et 14 volumes de planches, dont certaines en couleur.
Seul incunable de la collection de Cuvier, les Genealogiae deorum de Boccace sont publiées à Venise en 1497.
L'herbier illustré (1536-1539) d'Otto Brunfels a appartenu au botaniste Charles Plumier (1646-1704) comme en témoigne son ex-libris manuscrit. Minime de la Place Royale, Plumier lègue sa bibliothèque au couvent de son ordre ; le livre reçoit ainsi un ex-libris ainsi qu'une reliure au nom des Minimes avec leur devise « Charitas ». Après la saisie de la bibliothèque sous la Révolution, Cuvier acquiert l'exemplaire. Finalement, l'ouvrage entre à la bibliothèque de l'École normale après la mort de Cuvier : il n'est pas répertorié dans l'inventaire des Livres provenant de la bibliothèque de M. Cuvier car l’École ne devait initialement recevoir que les livres de littérature, d'histoire, et d'érudition.
Les œuvres de Sextus Empiricus, Σέξτου Εμπειρικού Τα σωζόμενα. Sexti Empirici Opera quae extant sont publiées en 1621 à Genève chez les frères Pierre et Jacques Chouët. Cette première édition porte une reliure remarquable aux armes de Jacques-Auguste de Thou (1553-1617) et de sa seconde épouse, Gasparde de La Châtre (1577-1616). Historien et président à mortier au Parlement de Paris, Jacques-Auguste de Thou possédait une bibliothèque exceptionnelle pour l'époque (environ 6 000 volumes), à tel point que Gabriel Naudé l'a prise pour modèle lors de la rédaction de son Advis pour dresser une bibliothèque en 1627, premier traité français de bibliothéconomie. Les armes de Jacques-Auguste de Thou associées à celles de Gasparde de La Châtre sont utilisées de 1602 à 1617 : deux écus accolés. I, de Thou : d'argent au chevron de sable, accompagné de trois mouches ou taons du même ; II, écartelé : au 1, de gueules à la croix ancrée de vair (La Chastre) ; au 2, de gueules à la croix d'argent (Savoie) ; au 3, écartelé d'or et d'azur (Batarnay) ; au 4, contre écartelé ; aux a et d, de gueules à l'aigle éployée et couronnée d'or (Lascaris) ; au b et c, de gueules au chef d'or (Vintimille). Légende : « IAC. AVGVST. THVANVS ». Chiffre formé des lettres IAGG (Jacques-Auguste-Gasparde).
Le volume intitulé Observations sur l'histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture (1752-1755) est l'un des premiers périodiques scientifiques français. Il contient de spectaculaires estampes imprimées en couleur réalisées par le graveur et anatomiste Jacques-Fabien Gautier-Dagoty (1711-1785), telle cette représentation d'une tortue (« Planche C des Quadrupèdes. Tome I. part. 3. page 150 »).
Le Voyage de François Pyrard, de Laval, contenant sa navigation aux Indes orientales, Maldives, Moluques, & au Bresil (1679) porte deux ex-libris manuscrit et imprimé de Jean-Nicolas de Tralage (1640?-1720?). Neveu du célèbre lieutenant général de police La Reynie, Tralage est géographe et cartographe. Sa remarquable collection de livres, estampes et cartes géographiques est léguée en 1699 à l'abbaye de Saint-Victor (dont on relève également l'ex-libris : « Ex Bibl. S. Vict. Paris. »), puis confisquée en 1795. Les armes de Tralage sont constituées d'un écartelé : aux 1 et 4, d'azur à trois fasces d'or ; aux 2 et 3, de gueules à trois chevrons d'or ; l'ex-libris a pour légende "Jean-Nicolas de Tralage".
Absent de l'expédition de Bonaparte en Égypte, le baron Cuvier était néanmoins un égyptomane qui possédait de nombreux ouvrages et fascicules consacrés aux dernières découvertes archéologiques. Le recueil factice ici exposé est constitué de 13 pièces datées de 1802 à 1830. Les études de Jomard, Silvestre de Sacy ou encore Champollion portent principalement sur les inscriptions et les zodiaques égyptiens. Cette treizième et dernière pièce porte notamment un envoi manuscrit : « A monsieur le Baron Cuvier de la part de l'auteur ».