La collection de Georges Cuvier (1833) I/II

En 1833, le don par l'État d'une partie de la bibliothèque personnelle du baron Georges Cuvier (1769-1832) accroît considérablement les collections de la bibliothèque de l'École normale.

Portrait de Georges Cuvier, gravé au burin par Pierre-François Bertonnier.

Pierre-François Bertonnier, « G. Cuvier », dans Georges Cuvier, Iconographie du règne animal, Paris : J. B. Baillière, 1829-1844‎. Bibliothèque Ulm-LSH, S N z 14 (1) 4°.

Né à Montbéliard le 23 août 1769, Georges Cuvier est reconnu comme étant le fondateur de l’anatomie comparée et de la paléontologie et le père de la classification zoologique. Il mène une brillante carrière scientifique et politique, et ce à travers une époque troublée : membre de l'Institut en 1796, directeur du Jardin des plantes, professeur d'histoire naturelle et d'anatomie comparée au Collège de France en 1800, professeur au Muséum d’histoire naturelle. Membre de toutes les grandes sociétés savantes du monde, il est nommé inspecteur général et conseiller de l'Université par Napoléon, conseiller d'État par Louis XVIII et pair de France par Louis-Philippe. Le 13 mai 1832, il meurt à l'âge de 63 ans, emporté par une infection foudroyante.

Cachet "G. Cuvier"

Cachet ovale "G. Cuvier".

Bibliophile, Cuvier possède une collection évaluée à plus de 17 500 volumes dont les thématiques ne se bornent pas à l'histoire naturelle. À sa mort, l'État achète la bibliothèque à sa veuve pour 72 500 francs et la partage entre différentes institutions en vertu de la loi du 24 avril 1833. Selon le discours de Guizot, qui défend cette loi devant la Chambre, environ 7 500 volumes de littérature, d'histoire et d'érudition sont attribués à l'École normale, 9 000 volumes de sciences naturelles au Muséum, les ouvrages de droit revenant au Conseil d'État et ceux relatifs à l'éducation au ministère de l'Instruction publique. L'estimation est réalisée par le libraire Jean-Jacques Debure et les inventaires rédigés par Charles Léopold Laurillard, paléontologue et disciple de Cuvier, Jean-Charles Werner, peintre au Muséum, et Jean-Casimir Lemercier, médecin et bibliographe. Le cachet « G. Cuvier » est apposé sur tous les ouvrages.

Livres provenant de la bibliothèque de M. Cuvier et devant être attribués à l'Ecole normale en exécution de la loi du [24 avril 1833]. <br />

Livres provenant de la bibliothèque de M. Cuvier et devant être attribués à l'Ecole normale en exécution de la loi du [24 avril 1833]. Bibliothèque Ulm-LSH, Ms 130.

L’inventaire manuscrit des Livres provenant de la Bibliothèque de M. Cuvier répertorie 4 306 volumes et 661 « cahiers », sous les rubriques « Langues et littérature », « Philosophie », « Histoire », « Antiquités », « Religions » et « Notices » ; une deuxième liste de 874 volumes le complète. Ces sections sont elles-mêmes divisées en plusieurs sous-catégories, par exemple « Traités de psychologie », « Facéties, Satires » ou « Antiquités étrusques ». Cependant, un certain nombre d'ouvrages conservés à la bibliothèque, tels que des livres de sciences naturelles ou des récits de voyage, n'ont pas été répertoriés, ce qui laisse penser que des doubles ont pu être acquis du Muséum.

Megatherium de Cuvier

Georges Cuvier, Le règne animal distribué d'après son organisation, pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux et d'introduction à l'anatomie comparée,... Paris : Fortin, Masson et Cie, 1836-1849. Planche n°72. Bibliothèque Ulm-LSH, S N z 11 (8/2) 4°.

Avec la bibliothèque de Cuvier, le terme « Méga » garde aussi le souvenir du baron à l'École. Un squelette préhistorique de mégathérium, un paresseux terrestre géant découvert par Cuvier en 1796, fut en effet conservé pendant de nombreuses années à l’École. Il devint le symbole de la cérémonie de réception des conscrits, au cours de laquelle les nouveaux élèves devaient se prosterner devant le fossile. Si le mégathérium a depuis été transféré au Muséum, le « méga » désigne encore aujourd'hui le week-end d'intégration des nouvelles promotions. Cette planche figurant le squelette de Megatherium est signée par le graveur au burin Joseph Alfred Annedouche (1833-19..) et l'imprimeur-lithographe N. Rémond.