Les livres de la famille Arconati Visconti

Constance Arconati Visconti, huile sur toile, première moitié du XIXe siècle. Milan, Museo del Risorgimento, MR 31027. Cliché Museo del Risorgimento. Disponible en ligne : http://mebic.comune.milano.it/mebic/rsmoriggia/museo/OAGIC_I0160-00756

Constance Arconati Visconti, huile sur toile, première moitié du XIXe siècle. Milan, Museo del Risorgimento, MR 31027. Cliché Museo del Risorgimento. Disponible en ligne : http://mebic.comune.milano.it/mebic/rsmoriggia/museo/OAGIC_I0160-00756

La majorité de la collection aujourd'hui conservée à l'ENS provient de la famille Arconati Visconti, qui possédait le château de Gaesbeek depuis le début du XIXe siècle.

Parmi les possesseurs identifiés avec certitude figurent :

  • Giammartino Arconati Visconti, l'époux de la marquise;
  • les parents du marquis : Costanza (Constance), née Trotti Bentivoglio, et Giuseppe (Joseph) Arconati Visconti
  • les mère et tante de ces derniers : Teresa et Paola Trotti Bentivoglio;
  • la soeur de Constance, Margherita, et son époux, le comte de Collegno ; le poète Giovanni Berchet, qu'une longue intimité liait à Constance;
  • Paolo Arconati Visconti, dit Paul Arconati, oncle de Joseph.

Quelques documents peuvent être rattachés à Giammartino ; il s'agit en particulier d'un ensemble d'ouvrages sur le canal de Suez auquel le marquis, auteur d'une relation de voyage en Arabie pétrée s'intéressait particulièrement.

Cependant, l'essentiel de la collection des Arconati Visconti a été constituée dans les années 1820-1830 par Joseph Arconati Visconti et son épouse, Constance Trotti Bentivoglio.

Enfin, des livres plus anciens avaient sans doute été acquis précédemment par Paul Arconati, voire peut-être même par la famille Scockaert, comtes de Tirimont et de Gaesbeek depuis le XVIIe siècle.

Arbre généalogique simplifié des familles Arconati Visconti et Trotti Bentivoglio

Arbre généalogique simplifié des familles Arconati Visconti et Trotti Bentivoglio

Elmine de Chézy, Le guide des voyageurs à Heidelberg..., Heidelberg, Engelmann, 1821. Bibliothèque Ulm-LSH, H V vo 99 12°

Elmine de Chézy, Le guide des voyageurs à Heidelberg..., Heidelberg, Engelmann, 1821. Bibliothèque Ulm-LSH, H V vo 99 12°

Les livres de Joseph et Constance Arconati Visconti

Joseph et Constance Arconati Visconti appartiennent à la noblesse milanaise. Patriotes, partisans des idées libérales et anti-autrichiennes, ils prennent part en 1821 aux troubles déclenchés contre les Autrichiens qui gouvernaient la Lombardie depuis le congrès de Vienne. Une sévère répression suit : Joseph Arconati, accusé de haute trahison, est condamné à mort le 12 janvier 1824. Mais le couple était parvenu à prendre la fuite vers la France dès 1821. En mai 1821, Constance et Joseph s'installent à Bruxelles, accueillis par l'oncle du marquis, Paul Arconati. Vingt années d'exil suivent, pendant lesquelles le séjour à Gaesbeek, dont le couple hérite à la mort de Paul Arconati à l'hiver 1821, est fréquemment entrecoupé de longs voyages à Paris, en Suisse, en Allemagne.

Constance et Joseph accueillent de nombreux proscrits italiens à Gaesbeek, auxquels ils donnent un important soutien matériel et moral. Parmi les plus proches, on peut citer les poètes Giovita Scalvini et Giovanni Berchet, intime de Constance, le comte Jean Arrivabene, Giacinto Provana, comte de Collegno, l'un des combattants de l'indépendance de la Grèce, qui épousera la jeune soeur de la marquise, Margherita. Ils reçoivent également les membres de l'élite intellectuelle et politique belge, tels Adolphe Quételet ou le comte Félix de Mérode.

À Paris, où ils se rendent souvent, outre les Italiens exilés dans la capitale française, les Arconati Visconti fréquentent de nombreux sympathisants de leur cause, notamment Claude Fauriel et Mary Clarke, Victor Cousin. Dans les années 1830, ils sont plus fréquemment en Allemagne et en Suisse. Outre des séjours dans des villes d'eau, ils passent de longues périodes à Bonn, puis à Berlin où Carletto, leur fils, fait ses études. Dans la collection, un ensemble remarquble de guides de voyage des années 1820-1830 montre la variété des destinations du couple.

La correspondance de la marquise atteste de la diversité de ses lectures, bien représentée dans la collection de l'ENS. Constance se fait envoyer à Gaesbeek des ouvrages italiens, qu'elle diffuse auprès de ses amis et dont elle soutient les auteurs. Ainsi, elle encourage par exemple la revue L'Exilé, publiée par des proscrits italiens en France. Comme son époux, lectrice de la presse française, elle se fournit sans doute en livres étrangers - publiés en italien, mais aussi en allemand et, dans une moindre mesure, en anglais - auprès du libraire parisien Baudry, qui est également l'éditeur de Manzoni en France.

La collection Arconati Visconti inclut aussi quelques livres ayant appartenu à des proches de Constance et Joseph : livres hérités de leurs mère et tante, Teresa et Paola Trotti Bentivoglio, deux ouvrages provenant du poète Berchet, quelques livres enfin, venant du comte de Collegno et de son épouse, Margherita Trotti.